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Vous avez peut-être déjà entendu parler dans vos écuries ou sur les réseaux sociaux du clicker ou du clicker training, un principe de renforcement positif qui rencontre de plus en plus de succès ! Mais en quoi cela consiste-t-il exactement ? Comment s’y prendre avec votre cheval ? Je vous explique tout dans cet article !

Le clicker, un outil très utilisé avec les animaux sauvages

Le clicker est un petit boîtier en plastique avec une lamelle en métal qui émet un clic lorsqu’on appuie dessus. Le principe du clicker training est très utilisé dans les zoos avec les animaux sauvages afin de travailler le « médical training ». Le médical training a pour but d’apprendre aux animaux à effectuer certains mouvements (tendre la patte, se mettre debout contre le grillage, monter sur une balance, etc.) et d’accepter de leur plein gré certaines manipulations afin de faciliter les interventions vétérinaires (soigner une blessure sur la patte, regarder une blessure sur le ventre, accepter une prise de sang sans sédation, etc.).

Afin d’effectuer ses apprentissages, les soigneurs animaliers utilisent le principe du renforcement positif et de conditionnement par le biais du clicker. On constate donc que ce principe est très efficace, car il est utilisé sur des animaux non domestiqués.

Comment fonctionne le clicker ?

Le fonctionnement du clicker est simple. L’animal associe le bruit du « clic » à une récompense alimentaire. A force de répétition, le simple « clic » devient quelque chose de positif. C’est le principe de conditionnement observé par Pavlov : il avait appris à des chiens que lorsqu’ils entendaient une clochette, ils recevaient une récompense alimentaire. À force, il suffisait que les chiens entendent la clochette pour se mettre à saliver.

Mais le clicker training, c’est plus que ça ! Pour moi, c’est un vrai changement dans la façon de travailler avec les chevaux. Une fois qu’ils ont compris le principe, le clicker les incite à réfléchir et à proposer des réponses d’eux même. C’est une façon de travailler qui est très stimulante pour les animaux. C’est d’ailleurs important de ne pas l’oublier ! Le clicker training va demander à votre cheval de se concentrer, c’est donc fatiguant pour lui sur le plan mental. Privilégiez plusieurs petites séances, plutôt qu’une grosse séance de travail lorsque vous utilisez ce principe d’apprentissage.

Clicker training pour travail à pied cheval

Commencer le clicker training avec son cheval

Pour commencer le travail avec le clicker, vous allez faire ce qu’on appelle « charger le cheval ». C’est-à-dire que vous allez faire une séance pour apprendre que le « clic » = récompense.

Le principe est simple, vous cliquez et vous lui donnez une récompense alimentaire à plusieurs reprises. C’est également le bon moment pour apprendre à votre cheval « la politesse ». Ne cliquez pas lorsque votre cheval est en train de vous réclamer une friandise ! N’oubliez jamais que le travail avec de la nourriture peut rapidement devenir une source de frustration pour votre cheval et causer des accidents. C’est pourquoi il est très important de faire les choses correctement et de poser dès le départ des bases saines. Si vous cliquez et récompensez votre cheval quand il fouille dans vos poches, il va apprendre que ce comportement est autorisé et pire : que cette action est encouragée.

Votre partenaire va vite comprendre que le clic est associé à quelque chose de positif. Je vous conseille d’étaler cet apprentissage sur 2 ou 3 séances d’environ 3 minutes. Faites-le pendant que votre cheval est immobile, mais également en marchant à ses cotés.

Pour savoir si le conditionnement est acquis, cliquez quand votre cheval n’est pas attentif à vous et observez sa réaction. Si vous devenez soudainement une source d’intérêt, c’est que l’association « clic-récompense » est réussie.

Vous pouvez maintenant transposer cet apprentissage dans sa véritable finalité. Faites avec votre équidé quelques exercices qu’il connait et utilisez le clicker pour féliciter ses bonnes réponses à vos demandes. Cela vous permettra de vous entraîner à avoir le bon timing pour cliquer, et votre cheval comprendra que le clic n’est plus « gratuit », mais qu’il récompense une réponse à une demande.

Des principes à garder en tête

Il y a trois principes très importants à garder à l’esprit lorsque vous travailler au clicker.

Le timing

Il est important d’être extrêmement juste lorsque vous cliquez pour récompenser les bons comportements. Il suffit d’observer les chevaux pour le comprendre. Regardez deux chevaux qui se chamaillent et observer la justesse de leurs signaux. Si Petit Tonnerre semble envoyer les pieds à son copain sans l’avoir prévenu, il suffit de filmer et de regarder la scène au ralenti pour voir le fouaillement de queue et les oreilles qui se sont plaquées en arrière avant que le coup de cul ne parte. Tous ces comportements ont eu lieu en une fraction de seconde, et comme le congénère n’a pas répondu assez vite, il s’est fait corriger. À l’inverse, on peut voir énormément de conflits évités grâce à une réponse immédiate à ces signaux d’agacement. Cela nous montre à quel point le timing est important avec les chevaux. Il est donc indispensable de cliquer au bon moment pour récompenser le comportement voulu et éviter des malentendus avec votre cheval.

Cheval de trait comtois

Décomposer

Grâce au clicker, vous allez pouvoir faire des choses extraordinaires avec votre animal à condition de décomposer l’exercice.

Les capacités

N’oubliez pas que les chevaux ont tous des facilités et des capacités différentes. Il est donc important de s’adapter à l’équidé que vous avez en face de vous et de ne pas griller les étapes lors de nouveaux apprentissages. Soyez patient et toujours bienveillant !

Apprendre de nouveaux exercices grâce au clicker

Il y a deux manières d’apprendre de nouveaux exercices grâce au clicker.

Votre cheval vous propose quelque chose

Vous pouvez facilement transformer des comportements naturels de votre cheval en « exercices » en les codant grâce au clicker. Par exemple : le coucher, la roulade, le flehmen, le fait de gratter, etc.

Vous pouvez mettre votre cheval dans des conditions qui favorisent le comportement voulu et attendre que votre cheval le fasse de lui-même (sans demande de votre part). Vous cliquez et vous récompensez systématiquement ce comportement. Puis vous ajoutez un code vocal ou physique. Avec du temps et un peu de patience, vous verrez que votre cheval répondra à votre code et réalisera l’exercice sur demande.

Clicker training avec cheval

Vous apprenez un nouvel exercice à votre cheval

Imaginez que vous souhaitiez apprendre à votre cheval à prendre un cône dans sa bouche pour venir le placer dans un cerceau. Cela peut sembler un exercice compliqué et pourtant grâce au clicker training, vous allez vite constater que c’est réalisable !

Il va falloir décomposer au maximum l’exercice. Installez le dispositif et ne soyez pas trop gourmand lors de vos séances. A nouveau, multipliez de petites séances pour atteindre votre but.

Dans un premier temps, vous voulez que votre cheval comprenne que l’exercice concerne le cône. Vous allez donc cliquer lorsqu’il le regarde. Vous comprenez l’importance du timing lorsqu’on travaille au cliqueur ?

Lorsque votre partenaire a compris qu’il y a quelque chose à faire avec ce cône, cessez de le récompenser lorsqu’il le regarde et attendez qu’il vous propose quelque chose de plus, aller vers le cône par exemple. Augmentez progressivement la difficulté : une fois que votre cheval va vers le cône, attendez qu’il le touche pour cliquer, puis qu’il le prenne en bouche, qu’il le soulève, qu’il se tourne un peu vers le cerceau, etc. Vous avez compris le principe ? Si votre cheval connait déjà certaines parties de l’exercice, vous pouvez adapter l’apprentissage. Par exemple, avec un cheval déjà codé au « touche », inutile de faire les premières étapes, demandez-lui directement de toucher le cône.

Les puristes vous diront de rester neutre et de laisser votre cheval réfléchir seul pour trouver la solution quand vous lui proposez un nouvel exercice. Pour ma part, je vois plus le travail avec mon cheval comme un partenariat, j’ai donc tendance à essayer de lui expliquer ce que j’attends de lui, en lui montrant le cône, par exemple.

Quelle récompense alimentaire utiliser ?

Pomme, carotte, bonbon, granulés, etc. Vous avez de nombreuses possibilités en termes de récompenses alimentaires. Certaines personnes utilisent même du foin ! Si vous choisissez de donner un fruit ou un légume, coupez celui-ci en petits morceaux. Il vaut mieux récompenser beaucoup avec des petites rondelles de carotte plutôt que donner deux carottes coupées en deux et arrêter le travail là, car le cheval à déjà eu tout ce qu’il pouvait avoir.

Je pense qu’il est important d’utiliser la bonne récompense en fonction du cheval et de sa motivation du jour. Si vous avez un cheval peu motivé par les bonbons, optez plutôt pour un morceau de carotte. A l’opposé, certains équidés sont très gourmands. Dans ce cas, optez pour une récompense alimentaire un peu moins attrayante afin d’éviter les débordements.

Les erreurs à éviter lorsqu’on fait du clicker training avec les chevaux

Penser qu’on peut se passer d’un clicker

Oui, un clicker en main, c’est parfois encombrant ! Beaucoup de cavaliers décident de s’en passer et d’opter pour un claquement de langue, et c’est une erreur. La justesse du timing est un point central lorsqu’on fait du clicker training, comme expliqué plus haut.

Le problème avec le claquement de langue, c’est que c’est lent ! Faites l’expérience en vous concentrant, le temps de monter votre langue contre votre palais pour la faire claquer est assez conséquent. Appuyer sur un clicker est presque un geste réflexe qui est très rapide.

De plus, on a tendance à utiliser le claquement de langue pour de nombreuses choses en équitation. N’oubliez pas que votre cheval peut aussi être manipulé par d’autres personnes. Imaginez qu’un autre cavalier tienne votre cheval et que celui-ci le traine pour aller brouter un brin d’herbe. Le cavalier va claquer de la langue pour remettre l’équidé en avant, mais celui-ci va comprendre que ce qu’il vient de faire est récompensé ! Le clic du clicker est très spécifique et évite de nombreuses confusions.

Cependant, même s’il est petit, un clicker reste encombrant, surtout lorsqu’on a une longe en main et un carrot-stick dans l’autre ! C’est pourquoi je vous conseille d’opter pour un sifflet (type sifflet à chien, en métal, dont le son est aigu). Le sifflet à plusieurs avantages. Il permet un « clic » plus rapide qu’un claquement de langue. Il vous permet d’avoir les mains libres. Il vous suffit de le coincer entre vos incisives, ce qui ne vous empêche pas de parler à votre cheval. Accroché à un tour de cou, vous pouvez facilement siffler puis laisser tomber votre sifflet pour féliciter chaleureusement votre équidé ! Si vous observez les soigneurs animaliers, vous constaterez qu’ils se servent également d’un sifflet. Il permet également de créer un son bien distinct. Le clicker est plus souvent utilisé pour travailler avec les chiens.

Continuer de récompenser systématiquement avec des friandises les exercices acquis

Lorsque vous apprenez un nouvel exercice à votre cheval, vous augmentez vos progressivement vos attentes pour arriver à la manœuvre que vous vouliez obtenir. Vous cessez donc de récompenser les étapes quand elles sont acquises pour faire comprendre à votre équidé que vous voulez qu’il aille plus loin afin de trouver la réponse finale. Vous allez récompenser celle-ci un moment afin que votre cheval comprenne que c’était ce que vous attendiez de lui. Vous allez ensuite le récompenser pour coder ce nouvel apprentissage.

Cependant il est important à un moment donné de cesser de récompenser systématiquement tous les exercices acquis ! Sans quoi, le jour où vous aurez oublié de prendre des gourmandises, vous risquez de vous retrouver face à un cheval qui, après avoir effectuer un exo ou deux sans recevoir son bonbon va finir par vous envoyer sur les roses.

Une fois l’exercice acquis et codé, commencez à réduire les friandises. Faites-le de façon progressive : récompenser 2 fois sur 3 lorsque vous cliquez, puis 1 fois sur 2 et enfin de façon aléatoire. L’idée est que votre cheval ait toujours un doute positif qui l’incite à la coopération : « peut-être que si je fais ça j’aurais une gourmandise ? ». Cela ne vous empêche pas de continuer de récompenser votre cheval à chaque fois : en le flattant à l’aide de compliments, en lui faisant des caresses ou encore en faisant une pause. Eh oui ! Faire une pause après un exercice difficile peut aussi être une récompense pour le cheval.

Une question qu’on peut se poser : Est-ce que je dois toujours travailler au clicker une fois que je commence ?

A chacun ses choix ! Vous pouvez l’utiliser pour toutes vos séances à pied ou réserver le clicker pour apprendre à votre cheval un exercice difficile pour lui. Cela peut être un exercice qui nécessite d’être beaucoup décomposer ou un exercice difficile sur le plan mental pour votre cheval.

Par exemple, Lady, mon irish cob de 5 ans, a un vrai problème avec les seringues de gavage. Elle les a en sainte horreur depuis qu’elle s’est faite opérée pour retirer ses dents de loup et que j’ai dû lui faire des bains de bouche à la bétadine. Impossible de lui présenter sans qu’elle secoue la tête dans tous les sens ! Le travail avec le clicker est extrêmement bénéfique dans ce cas. Je décompose la difficulté : au début j’attends juste d’elle qu’elle touche la seringue avec sa bouche et le but final sera qu’elle accepte que je lui donne de la compote avec la seringue.